Dans le mouvement des migrations familiales des "années cinquante", Alain Lorraine quitte pour la première fois l’île de la Réunion à l’âge de 12 ans, et arrive à Bordeaux avec frères et soeurs. C’est là qu’il poursuit ses études, découvre la ville, ses rues, les jardins trempés aux odeurs de "Garonne" et surtout les quais, lieux privilégiés pour le jeune adolescent fugueur des années 60, boulimique de lectures.

Après le service militaire qu’il a effectué dans la coopération à La Réunion, il part sur Paris, vit des années très difficiles et réussit le concours d’entrée à l’école de journalisme.C’est en 1975 que paraissent ses deux premiers recueils de poésie, Beaux visages Cafrines sous la lampe et Tienbo le rein, qui provoquent une véritable onde de choc dans le paysage culturel réunionnais, et sera salué à Paris en obtenant le prix des Mascareignes. Dans ses écrits et récits - poèmes se mêlent les chants du Peuple - maloya, les paysages d’enfance, la société de plantation puis la ville, l’évocation des années 60-70, les vies à crédit, la beauté et la violence des paysages et des hommes…

Ecrivain, poète et journaliste, il conjugue ses trois regards, sur les terrains de l’action culturelle, l’éducation populaire, la presse et l’information liées au développement local en France, où il habitait et à La Réunion où il séjournait fréquemment pour son travail.Ses écrits forment un univers poétique et une trame de pensée nourris de 20 ans d’investigation autour des médiations ethno-culturelles, sociales, et politiques de la ville, s’appuyant sur l’imaginaire collectif et cette quête d’identité commune à celle des déracinés, émigrés, fils prodigues de la colonisation et de la modernité. L’influence de sa pensée, de ses engagements et de ses écrits continue à irriguer le monde littéraire et culturelle à La Réunion, Alain Lorraine a disparu à l’âge de 52 ans en 1999 à Paris.